Le terme « spécisme » (speciesism) a été forgé en 1970 par l’écrivain et psychologue britannique Richard Ryder pour décrire l’exclusion de la sphère morale et juridique dont faisaient l’objet les animaux.
Richard Ryder s’est fait connaître en tant que membre du groupe d’Oxford, un groupe d’une dizaine d’intellectuels liés à l’université d’Oxford à la fin des années 1960 et au début des années 1970, qui réfléchissait au statut moral des animaux et aux traitements qu’ils subissaient (notamment l’expérimentation animale et l’élevage industriel) et qui ont été les initiateurs du débat contemporain sur les droits des animaux. Plusieurs de ses membres ont contribué au recueil d’essais « Animals, Men and Morals: An Inquiry into the Maltreatment of Non-humans » paru en 1971.
Ryder a forgé le terme « spécisme » sur le modèle du racisme et du sexisme, qu’il voyait comme des problèmes très similaires dans la mesure où il s’agissait de différentes formes de préjugés ou de discriminations fondés sur des différences physiques sans rapport avec la morale. Le spécisme désigne ainsi, toute discrimination fondée sur des critères d’appartenance à une espèce biologique donnée.
Souhaitant communiquer sur ces similarités entre oppressions auprès du grand public, il écrivit un tract intitulé « Speciesism », qu’il fit imprimer à Oxford et qu’il envoya en 1970 à un certain nombre d’adresses sans que cela ne produise vraiment d’effet. Il fit alors imprimer un second dépliant avec la photo d’un petit chimpanzé mourant dans un laboratoire, qu’il envoya principalement à ses collèges de l’Université d’Oxford. Il commença alors à avoir des retours, dont un d’un jeune philosophe fraîchement arrivé d’Australie : Peter Singer.
Ryder explique dans son tract que :
Depuis Darwin, les scientifiques admettent qu’il n’y a aucune différence essentielle « magique » entre les humains et les autres animaux, biologiquement parlant. Pourquoi, dès lors, faisons-nous moralement une distinction radicale ? Si tous les organismes sont sur un seul continuum biologique, nous devrions aussi être sur ce même continuum.
Il écrit également que, au même moment au Royaume-Uni, 5 millions d’animaux sont utilisés chaque année pour l’expérimentation, et que cette façon de tirer bénéfice, pour notre propre espèce, de mauvais traitements infligés aux animaux relève du spécisme. Enfin, il conclut sur un appel à étendre notre cercle de considération aux animaux non humains, eux aussi capables de souffrir.
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