1883 – Publication de « The Ethics of Diet » de Howard Williams

1800 – 1899, Angleterre, Livres, Militantisme

Howard Williams était un militant progressiste anglais du 19e siècle. Dans « The Ethics of Diet », il retrace l’histoire des critiques morales de la consommation de viande et place le végétarisme dans le prolongement de l’histoire éthique de l’humanité.

Howard Williams

Né en Angleterre en 1837, Howard Williams fut un historien, écrivain et militant de premier plan en faveur de l’humanitarisme 1 et du végétarisme. Devenu végétarien en 1872, il a été l’inspirateur et l’un des membres fondateurs de la Humanitarian League 2, vice-président de la London Vegetarian Society et membre du conseil d’administration de l’Animal Defence and Anti-Vivisection Society 3.

Publié en 1883, « The Ethics of Diet: A Catena of Authorities Deprecatory of the Practice of Flesh-eating » (« Éthique de l’alimentation : une continuité de personnalités critiques de l’alimentation carnée ») est son ouvrage principal.

The Ethics of Diet

Dans « The Ethics of Diet », Howard Williams dresse une vaste fresque historique du végétarisme et retrace les critiques morales adressées à la consommation de viande depuis les penseurs pythagoriciens de l’Antiquité jusqu’au 19e siècle. Parmi les figures évoquées, on retrouve Ovide, Plutarque, Porphyre, Montaigne, Voltaire ou encore Shelley. Si tous ne pratiquaient pas un végétarisme strict, chacun portait un regard critique sur l’alimentation carnée et ses implications éthiques.

Dès les premières pages, il apparaît clairement que l’abandon de la viande s’inscrit dans une dynamique historique et que les progrès des sciences et de la philosophie sont amenés à accélérer cette dynamique. Howard Williams était déjà persuadé que la consommation de viande sera un jour regardée avec une horreur comparable à celle que l’on éprouve aujourd’hui en pensant au cannibalisme ou aux sacrifices humains.

Impact

« The Ethics of Diet » a donné un élan important au mouvement végétarien de l’époque victorienne qui s’étend sur toute la seconde moitié du 19e siècle 4. Il a eu une influence sur de grands végétariens contemporains de Williams, dont Mohandas Gandhi, Léon Tolstoï et Henry Stephens Salt. Tolstoï le considérait comme un « excellent livre » 5 et Henry Stephens Salt a écrit que « de tous les livres récents sur le sujet des droits des animaux, celui-ci est de loin le plus érudit et le plus exhaustif » 6. Tolstoï l’a traduit en russe en 1892 avec un avant-propos intitulé « La première étape » dans lequel il plaide lui-même en faveur du végétarisme.

Une nouvelle édition mise à jour paraît en 1896 avec un nouveau titre « The Ethics of Diet : A Biographical History of the Literature of Human Dietetics, From the Earliest Period to the Present Day » et un contenu enrichi avec de nouveaux chapitres sur, entre autres, l’empereur indien Asoka, Henry David Thoreau, Richard Wagner et Anna Kingsford. En 2003, une troisième édition est publiée avec une préface de Carol J. Adams 7.

Les victimes innocentes de la gloutonnerie luxueuse des classes les plus riches de toutes les communautés, soumises à toutes les formes imaginables d’atrocités brutales, étaient pourtant, selon la science de l’époque, reconnues sans controverse comme des êtres possédant essentiellement la même organisation physique et mentale que leurs dévoreurs humains ; tout aussi sensibles à la souffrance physique et à la douleur qu’eux.

Howard Williams, The Ethics of Diet, 1883, Préface 8.

Consulter l’édition originale de « The Ethics of Diet.

Notes et références

  1. L’humanitarisme est l’idée que les humains devraient être bienveillants et fournir une assistance aux autres humains dans un objectif commun de réduction des souffrances et d’amélioration des conditions de vie de l’humanité.
  2. Fondée en 1891 à Londres, cette dernière s’opposait à « toute souffrance évitable pour tous les êtres sentients ».
  3. Rod Preece (2011). Animal Sensibility and Inclusive Justice in the Age of Bernard Shaw. Vancouver: UBC Press. pp. 167–168. ISBN 9780774821124.
  4. Jon Gregerson (1994). Vegetarianism: A History. Fremont, Calif.: Jain Pub. Co. p. 78. ISBN 0-87573-030-2
  5. Leo Tolstoy (1911). Essays and Letters. Translated by Maude, Aylmer. University of California Libraries. London, New York, Toronto and Melbourne: Oxford University Press, p. 83
  6. Henry Stephens Salt; Leffingwell, Albert (1894). Animals’ Rights: Considered in Relation to Social Progress. New York, London: Macmillan & Co. p. 128
  7. Gastronomica, Ethical Eating, 4 (4): 104–105. 2004-11-01.
  8. Texte original : « The innocent victims of the luxurious gluttony of the richer classes in all communities, subjected as they were to every conceivable kind of brutal atrocity, were yet, by the science of the time, acknowledged, without controversy, to be beings essentially of the same physical and mental organisation with their human devourers ; to be as susceptible to physical suffering and pain as they […] ».