30 septembre 1847 – Création de la Vegetarian Society

1800 – 1899, Militantisme, Royaume-Uni

La création de la Vegetarian Society trouve ses racines dans l’esprit réformateur du début du 19e siècle. Les grandes réformes de la santé, le mouvement de tempérance [1] et l’essor de la philanthropie ont préparé le terrain pour la convergence des groupes à l’origine du mouvement végétarien.

En 1847, il existait trois principaux groupes de végétariens en Angleterre [2] : la « Bible Christian Church » fondée en 1809 à Salford par le révérend William Cowherd, le Concordium (aussi appelé Alcott House), un pensionnat ouvert en 1838 à proximité de Londres dans le Surrey, et le « Northwood Villa Hydropathic Institute » à Ramsgate qui héberge la revue « The Truth-Tester ».

En avril 1847, une lettre d’un lecteur reproduite dans le Truth-Tester, propose la création d’une société végétarienne. L’idée plaît au directeur commercial d’Alcott House, William Oldham, qui décide d’organiser une conférence afin de réunir ceux qui pourraient être intéressés par la formation d’une telle société. La « Conférence physiologique » a lieu au pensionnat le jeudi 8 juillet 1847 et rassemble 130 personnes [3]. Une seconde réunion est alors fixée pour finaliser la création de ce qui deviendra la première société végétarienne de l’Histoire.

Le 30 septembre 1847, la seconde réunion prévue à la Conférence physiologique a lieu au Northwood Villa Hydropathic Institute à Ramsgate, présidée par Joseph Brotherton, député de Salford. Le nom de « Vegetarian Society » est choisi à l’unanimité. James Simpson de la Bible Christian Church est élu président, William Oldham d’Alcott House devient trésorier et William Horsell, le dirigeant de l’institut, est nommé secrétaire, le poste le plus central et le seul rémunéré [4]. William Horsell renommera The Truth-Tester, auparavant en faveur de la tempérance, en « The Vegetarian Advocate » en septembre 1848 [5], le mettant pleinement au service de la Vegetarian Society et de la promotion de l’alimentation végétale.

L’année suivante, lors de la première réunion annuelle de la Société à Manchester, l’organisation compte 265 membres, âgés de 14 à 76 ans. En 1849, James Simpson transfert toutes les activités de la société dans la région de Manchester, où elle est encore basée aujourd’hui. En 1853, elle compte 889 membres et environ 5000 en 1897 [6].

En 1888, un groupe distinct de la Vegetarian Society se forme, connu sous le nom de London Vegetarian Society (LVS) [7]. La Vegetarian Society est alors souvent appelée Manchester Vegetarian Society (MVS). Ne concevant pas le végétarisme de la même manière, les deux groupes ont des relations tendues [8].

La Manchester Vegetarian Society rejette le crudivorisme et souhaite, tout en conservant comme noyau dur un groupe restreint de personnes dont le régime est plus strict, s’ouvrir à un plus large public consommant de la viande ou du poisson afin de diffuser ses principes. La London Vegetarian Society est, elle, plus radicale. Elle est favorable au crudivorisme, condamne l’utilisation d’œufs et de produits laitiers et ses membres (dont faisait partie le Mahatma Gandhi) ne doivent consommer aucune viande et aucun poisson. La première reproche à la seconde son sectarisme et son manque d’ouverture au grand public. La seconde reproche à la première de porter un message dévoyé. Les deux associations finiront par converger et fusionner sous le nom de Vegetarian Society of the United Kingdom en 1969.

Cliquez-ici pour accéder au site de la Vegetarian Society.

Notes et références

Notes et références
1 La tempérance désignait un important mouvement social-religieux contre la consommation de boissons alcoolisées. Initialement issu des églises réformées, puis repris par l’Église catholique, le mouvement incitait la population à contrôler sa sommation d’alcool. Bien qu’une consommation modérée soit prônée dans un premier temps, les revendications évoluent jusqu’à exiger l’abstinence totale, ce qui débouchera dans certains pays sur des politiques de prohibition.
2 International Vegetarian Union, John Davis, The Origins of the ‘Vegetarians’, 2011
3 Vegetarian Society, Early history of the Vegetarian Society
4 Colin Spencer, Vegetarianism: A History, 2000. p. 238-246.
5 International Vegetarian Union, John Davis, The Curious Affair of The Vegetarian Advocate (1848-50)
6 Keith Thomas, Man and the natural world: changing attitudes in England 1500-1800, 1984, p. 297.
7 Colin Spencer, The Heretic’s Feast: A History of Vegetarianism. University Press of New England, 1995, pp. 274-278, ISBN 0-87451-708-7
8 Margaret Puskar-Pasewicz, Cultural Encyclopedia of Vegetarianismn, 2010, ABC-CLIO. pp. 259-260, ISBN 978-0-313-37556-9