1910 – Publication de « No Animal Food » de Rupert H. Wheldon

1900 – 1949, Alimentation, Livres, Royaume-Uni

Véritable guide et plaidoyer en faveur de l’alimentation sans produit d’origine animale, « No Animal Food » est également l’un des premiers livres de recettes véganes. Bien qu’ayant eu un impact limité à sa sortie (quatre ans avant le début de la Première guerre mondiale), il a bénéficié de nombreuses rééditions pendant tout le XXe siècle.

Présentation

Rupert Henry Wheldon (3 juillet 1883 – 6 juin 1960) était un photographe et militant végane américain. Originaire de Philadelphie aux États-Unis, ses parents déménageront en Angleterre alors qu’il était encore enfant et il partagera sa vie entre ces deux pays.

En 1909, il publie l’article « Vegetarianism Versus Carnivorism » [1] dans le journal de la Theosophical Society [2]. Il y rappelle, déjà à l’époque, que « Toute personne habituée au régime conventionnel à base de viande devrait étudier scientifiquement le végétarisme lorsqu’elle s’y convertit », au risque que de mauvaises habitudes alimentaires provoquent des effets négatifs sur la santé. Le risque étant ensuite que ces effets soient interprétés, à tort, comme la conséquence d’un manque de viande et non comme une conséquence évitable d’une alimentation végétale mal pensée.

En 1910, il publie « No Animal Food And Nutrition and Diet with Vegetable Recipes » (Aucune nourriture d’origine animale : nutrition, alimentation et recettes à base de légumes), un guide et plaidoyer en faveur de l’alimentation végétarienne (désignant ici une alimentation sans aucun produit d’origine animale) accompagné d’un recueil de 100 recettes de cuisine véganes. Le livre est publié en Angleterre par l’écrivain et éditeur C. W. Daniel et, la même année, par les éditions Health Culture Co aux États-Unis.

La première partie du livre est une défense d’une alimentation composée uniquement de végétaux et qui exclut donc non seulement la viande et le poisson, mais aussi le lait, les œufs et les produits qui en sont dérivés. Wheldon développe son argumentation en s’appuyant sur des considérations physiologiques et physiques, éthiques, esthétiques (fortement inspirées de la religion catholique) et économiques, utilisant certains procédés rhétoriques et arguments encore largement utilisés aujourd’hui : mise en avant de grands penseurs et sportifs végétariens [3], rappel qu’une même surface agricole peut nourrir une population plus importante si cette dernière est végétarienne [4], etc.

Si l’on admet que la santé générale de la nation est loin d’être ce qu’elle devrait être, et si l’on recherche les causes à partir des effets, ne peut-on pas se demander avec pertinence si notre alimentation n’est pas en grande partie responsable de cet état de choses ? Ne se peut-il pas que la mauvaise alimentation et la malnutrition soient à l’origine de la plupart des maladies ?

Rupert H. Wheldon, 1910, « No Animal Food », I – L’urgence du sujet

La seconde moitié du livre porte sur des questions de nutrition. Wheldon y présente un ensemble de principes alimentaires permettant, selon lui, de conserver une bonne santé. Il développe ensuite ses conseils dans les parties « Ce qu’il faut manger », « Quand manger » et « Comment manger ». Les 100 recettes de cuisines qui clôturent le livre sont généralement simples et de nature à convenir au quotidien des familles végétariennes et véganes de l’époque.

Il est parfois dit, à tort, que ce recueil de recettes fait de « No Animal Food » le premier livre de cuisine végane. Bien qu’il soit probable que le fait qu’il ait été écrit par un homme et qu’il ait bénéficié de nombreuses rééditions a sûrement contribué à ce qu’il reste davantage dans les mémoires, c’est bien à l’observatrice sociale et philanthrope américaine Asenath Nicholson que l’on doit la publication de “Kitchen Philosophy for Vegetarians” en 1849, le véritable premier livre de cuisine végane.

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Notes et références

Notes et références
1 Rupert H. Wheldon, Vegetarianism Versus Carnivorism, Theosophical Quarterly v. 6 1908-09, p. 364.
2 Fondée à New York le 17 novembre 1875 par Helena Petrovna Blavatsky, le colonel Henry Steel Olcott et William Quan Judge, la Société théosophique est une association internationale prônant la renaissance du principe théosophique remontant à l’Antiquité grecque selon lequel toutes les religions et philosophies possèdent un aspect d’une vérité plus universelle. Sa devise est : « il n’y a pas de religion supérieure à la vérité ». Son enseignement consiste en un syncrétisme liant le bouddhisme, l’hindouisme, l’ésotérisme et de manière générale toutes les autres traditions religieuses.
3 Rupert H. Wheldon, 1910, No Animal Food, II -Physical Considerations
4 Rupert H. Wheldon, 1910, No Animal Food, III – Economical Considerations