1910 – Publication de « A Fleshless Diet » de Jacques Louis Buttner

1900 – 1949, États-Unis, Livres, Science

Jacques Louis Buttner était un médecin engagé en faveur du végétarisme. Dans son ouvrage majeur publié en 1910, il soutient que la consommation de viande est inutile et dangereuse et qu’une alimentation pauvre en viande est bénéfique pour la santé.

Jacques Louis Buttner

Jacques Louis Buttner (1876 – ?) était un médecin franco-américain. Installé à New Haven dans le Connecticut aux États-Unis, il deviendra une figure reconnue de la défense du végétarisme sur des bases scientifiques.

Étudiant brillant, il sort major de sa promotion de médecine à l’université de Yale en 1909 et reçoit le prix Keese récompensant la meilleure thèse 1. L’année suivante, il publie son ouvrage intitulé « A Fleshless Diet, Vegetarism as a Rational Dietetary » (Un régime sans chair, le végétarisme comme régime alimentaire rationnel) qui le fera connaître.

A Fleshless Diet

Dans cet ouvrage, Jacques Louis Buttner soutient que l’anatomie comparée, mais aussi la physiologie, la nutrition et les sciences sociales démontrent que l’être humain est naturellement adapté à un régime sans chair et que la consommation de viande est à la fois inutile et dangereuse 2 3.

Il y met en avant la viabilité du végétarisme ainsi que ses vertus supposées contre diverses maladies (goutte, rhumatismes, affections cutanées, etc.) et y préconise une alimentation principalement basée sur les légumes, les œufs et le lait 4. Toutefois, la définition qu’il donne du végétarisme correspond davantage à celle utilisée aujourd’hui pour désigner le flexitarisme : « À toutes fins utiles, le végétarien est celui qui ne consomme pas habituellement d’aliments carnés, contrairement au consommateur standard ».

Deux ans plus tard, dans un article intitulé « Végétarisme », il précise : « Il n’est pas illogique pour les végétariens d’utiliser le lait et les œufs, car ces produits animaux sont nettement moins toxiques que la viande et aussi moins susceptibles d’être porteurs de maladies. Ils sont obtenus avec un minimum de souffrance de la part des animaux qui nous les fournissent » 5.

« A Fleshless Diet » fit l’objet de nombreuses recensions dans les revues médicales de l’époque. Si sa rigueur formelle fut saluée, ses conclusions ne convainquirent pas l’ensemble de la communauté scientifique.

Réception

Le Medical Standard souligna que J. L. Buttner avait « réussi à présenter un cas beaucoup plus rationnel et scientifique en faveur d’un régime végétal que la plupart de ceux qui ont fait cette tentative jusqu’à présent » 6. Le Journal of the American Medical Association recommanda également le livre comme « ouvrage de référence, que l’on accepte ou non les conclusions de l’auteur » 7. L’American Journal of Clinical Medicine publia également une critique favorable, qualifiant le livre d’« argument très raisonnable et crédible contre la consommation de viande » 8.

D’autres revues furent en revanche plus critiques, l’American Physical Education Review et le Medical Era allant jusqu’à considérer que « le Dr Buttner a corrélé les arguments habituels en faveur d’un régime végétal, mais n’a pas réussi à montrer une quelconque base scientifique pour les conclusions qu’il tire » 9. Le Yale Medical Journal conclut pour sa part que « nous ne sommes pas d’accord que l’abstinence totale d’aliments de chair produira les résultats bénéfiques qu’il soutient » 10.

Ces débats illustrent combien l’argumentation scientifique en faveur d’une alimentation majoritairement végétale suscite, hier comme aujourd’hui, un examen particulièrement critique. Plus d’un siècle après Buttner, les mêmes objections persistent : si la viabilité d’une réduction ou d’un abandon de la viande est désormais largement reconnue, les bénéfices pour la santé liés à cette végétalisation restent, eux, appréhendés avec plus de précautions.

Le végétarisme vise désormais résolument à passer d’une idée sentimentale à une vérité scientifique.

Journal of the American Medical Association, 6 mars 1915 11

Si la rigueur du traitement pouvait régler la question, nous devrions tous être végétariens après avoir lu ce livre tant il est complet.

Journal of the American Medical Association, 22 avril 1911 12

Consulter l’édition originale de « A Fleshless Diet ».

Notes et références

  1. Yale Alumni Weekly, 1909, p. 1061
  2. E. B. (1910). A Fleshless Diet: Vegetarianism as a Rational Dietary. American Physical Education Review 16: 352.
  3. Anonyme. (1911). A Fleshless Diet: Vegetarianism as a Rational Dietary. Life and Health: The National Health Magazine 26 (2): 123.
  4. Buttner, J. L. A Fleshless Diet. A List of Books and References to Periodicals in the Seattle Public Library. p. 18
  5. Buttner JL. Vegetarianism. JAMA. 1912;LVIII(22):1705. doi:10.1001/jama.1912.04260060054027
  6. Anonyme. (1910). A Fleshless Diet: Vegetarianism as a Rational Dietary. The Medical Standard 33 (11): 422.
  7. A Fleshless Diet. Vegetarianism as a Rational Dietary. JAMA. 1911;LVI(16):1220. doi:10.1001/JAMA.1911.02560160062042
  8. Anonyme. (1911). A Fleshless Diet: Vegetarianism as a Rational Dietary. The American Journal of Clinical Medicine 18 (3): 344.
  9. Anonyme. (1912). Vegetables vs. Mixed Diets. The Medical Era 21: 52.
  10. L. M. G. (1910). A Fleshless Diet: Vegetarianism as a Rational Dietary. Yale Medical Journal 17: 279-280.
  11. Journal of the American Medical Association 64 (17), The Metabolism of Vegetarians, 1915, p. 1425
  12. A Fleshless Diet. Vegetarianism as a Rational Dietary. JAMA. 1911;LVI(16):1220. doi:10.1001/JAMA.1911.02560160062042