6 octobre 1976 – Diffusion du premier reportage télévisé français sur le végétarisme et le végétalisme

1975 – 1999, France, Société

France 3 Régions Nancy est la première chaîne française à diffuser un reportage sur le végétarisme et le végétalisme. Bien que la souffrance animale ne soit pas évoquée, cela a contribué à faire découvrir ces modes de vie à une plus large audience.

Les fruits de la terre…

Un peu plus de 8 mois après la diffusion en Angleterre du premier reportage télévisé sur le véganisme, l’émission « Les fruits de la terre… » diffusée sur France 3 Régions Nancy le 6 octobre 1976 [1] est la première à présenter le végétarisme et le végétalisme en France.

L’angle choisi fait la part belle au « naturel », une préoccupation grandissante à l’époque face à la multiplication des recours aux produits chimiques depuis la fin de la seconde guerre mondiale, tant pour la production agricole que la production alimentaire. Les inquiétudes sur les liens entre problèmes de santé et certains pesticides ou colorants soulevaient la question de la naturalité de l’alimentation, cette dernière débouchant fréquemment sur celle de la végétalisation.

Un reportage daté

Le reportage s’ouvre sur les explications du docteur Vivini qui définit le végétarisme et le végétalisme puis présente les témoignages de la gérante d’une épicerie végétale, d’un agriculteur et éleveur biologique et d’une famille végétalienne. Ils expliquent comment ils sont arrivés à arrêter la viande et ce que ce mode d’alimentation a changé dans leur vie.

Un végétarien c’est une personne qui a choisi un régime alimentaire dans lequel il a éliminé les produits animaux directs et gardé les sous-produits animaux tels que le lait, les œufs ou le fromage ; alors qu’un végétalien est une personne qui a éliminé tous les produits animaux et même les sous-produits animaux, c’est-à-dire que son alimentation n’est plus constituée que de végétaux.

Dr Vivini, Les fruits de la terre : les végétariens et les végétaliens, 1976

Le reportage est aujourd’hui daté et peu d’arguments mis en avant par les personnes végétariennes et végétaliennes interrogées (dentition, longueur des intestins, etc.) sont encore recevables aujourd’hui. Le reportage entretient également la confusion entre les alimentations majoritairement végétales, le biologique et le naturel, mettant en avant que les végétariens et végétaliens seraient plus tournés vers les tisanes, l’homéopathie, l’acupuncture et les méthodes naturelles. Des stéréotypes dont le mouvement végétarien et végane a souffert pendant des décennies.

Pour les personnes végétariennes et végétaliennes interrogées, il existe un lien entre la nourriture et la conduite de sa propre vie, l’argument principal mis en avant est donc celui de la santé. À aucun moment n’est évoqué la souffrance des animaux tués pour la consommation humaine. Contrairement au reportage de la BBC évoqué en début d’article, il ne sera pas non plus question de complémentation en vitamine B12, d’éthique animale ou encore de l’impact environnemental de l’élevage.

Un reportage assez timide donc, et qui passe à côté de l’essentiel (alors que la Libération animale du philosophe Peter Singer avait été publié un an auparavant, en octobre 1975), mais qui contribuera à faire découvrir ces modes de vie à une plus large audience.

Notes et références