Après l’invention du terme « carnisme » en 2001 dans un article du journal Satya et sa thèse de doctorat consacrée au sujet en 2003, la psychologue sociale et militante en faveur des droits des animaux Melanie Joy publie ce livre avec l’objectif de toucher un plus large public.
En posant des questions que beaucoup ne se sont jamais posés (pourquoi certains animaux sont-ils destinés à nous tenir compagnie, tandis que d’autres nous servent de chaussures ou de plat de résistance ?), elle invite à réfléchir sur notre vision du monde et sur l’idéologie, invisible car étant la norme, qui sous-tend notre consommation de produits d’origine animale au quotidien.
Melanie Joy lève ainsi le voile sur des mécanismes sociaux et psychologiques extrêmement puissants qui contrarient nos penchants à la compassion, et nous invite à prendre conscience de ce conditionnement et à le comprendre pour mieux nous en libérer. Elle soutient que le choix de manger de la viande n’est pas naturel ou inné comme le prétendent les « carnistes », mais influencé par le conditionnement social.
Le carnisme est le paradigme dominant, mais invisible, de la culture moderne qui justifie le choix de consommer de la viande. Le carnisme est un système de croyances au sens social, psychologique et physique.
Melanie Joy, Introduction au carnisme : pourquoi aimer les chiens, manger les cochons et se vêtir de vaches », 2009
Les humains accordent de la valeur à la compassion, à la réciprocité et à la justice. Cependant, le fait de consommer de la viande ne correspond pas à ces valeurs. Selon Melanie Joy, pour continuer à manger des animaux, les gens se livrent à une « anesthésie psychique » (psychic numbing) qui altère la perception de leur comportement envers les animaux et utilisent des mécanismes de défense pour bloquer l’empathie.
Ces mécanismes peuvent être catégorisés comme suit :
- le carnisme nie l’existence d’un problème lié à la consommation d’animaux ;
- le carnisme justifie la consommation de viande comme étant normale, naturelle et nécessaire ;
- pour éviter la dissonance cognitive, le carnisme modifie la perception des animaux en tant qu’individus vivants pour en faire des objets alimentaires, des abstractions et des catégories.
Selon Melanie Joy, par le biais de ce déni, de cette justification et de cette distorsion de la perception, le carnisme conduit les gens à violer certaines de leurs valeurs fondamentales.