Paru au tout début du 19e siècle, cet ouvrage de Jospeh Ritson dénonce la cruauté de l’alimentation carnée et ses méfaits sur les animaux et les humains. Il est l’un des premiers à présenter le végétarisme comme un impératif universel de justice.
Joseph Ritson
Joseph Ritson était un antiquaire anglais connu en son temps. Devenu végétarien en 1772 à l’âge de 19 ans, il fut un fervent défenseur des idéaux de la Révolution française de 1789 et un pionnier du militantisme en faveur du bien-être animal.
Après avoir essuyé de nombreux refus, c’est en 1802 qu’il parvient à faire publier son livre « Essai sur l’abstinence d’aliments d’origine animale en tant que devoir moral » (An Essay on Abstinence from Animal Food, as a Moral Duty) à Londres par Sir Richard Phillips, également végétarien. C’est l’un des premiers ouvrages à plaider en faveur du végétarisme d’un point de vue éthique et sociétal.
Éthique végétarienne
Dans cet ouvrage, Joseph Ritson présente l’alimentation carnée comme cruelle et inutile et, plaidant pour des nouvelles relations avec les animaux, fait valoir que la seule chance d’accéder au bonheur est de développer des « vertus morales supérieures » de bienveillance, de justice et d’humanité en adoptant une alimentation végétarienne.
À l’époque, émerge l’idée que l’alimentation carnée n’est pas naturelle et provoque des maladies chez l’humain. Deux chapitres ainsi sont dédiés aux liens entre végétalisation de l’alimentation et santé : un premier battant en brèche l’idée reçue (encore bien présente aujourd’hui) que la viande est nécessaire à la santé et à la force, et un deuxième consacré aux bénéfices de la végétalisation de son alimentation.
Athée, Joseph Ritson se distingue de nombre de ses prédécesseurs en évitant les arguments de nature religieuse pour justifier le végétarisme. Il conteste les frontières qui distinguent les humains des animaux (en montrant par exemple que le langage n’est pas le propre de l’humain) et présente le végétarisme comme un impératif moral. Ses réflexions influenceront fortement le mouvement végétarien et ses arguments seront abondamment repris.
Il ne me paraît pas extravagant d’imaginer que l’humanité n’est pas moins responsable, en proportion, du mauvais usage de sa domination sur les créatures de rang inférieur que de l’exercice de la tyrannie sur sa propre espèce.
Joseph Ritson, Essai sur l’abstinence d’aliments d’origine animale en tant que devoir moral, 1802 1
Consulter l’édition originale de 1802.